« Quand les conditions de sécurité primordiale sont réunies nous pouvons tout au plus parler de la garantie d’être, d’exister, et non du bien-être, ni du bien exister. Le bien-être ne saurait donc être ramené à la jouissance de la sécurité, c’est-à-dire à la certitude de vivre demain et après demain. Il découle de cela que la satisfaction des besoins
fondamentaux ne nous garantit pas le bien-être mais seulement l’être. Et le luxe véritablement humain est celui de la qualité ; car le problème du bien-être et du bonheur concerne non pas le simple fait mais la manière, bonne ou mauvaise, humaine ou bestiale, libre ou soumise, d’exister. Nous voudrions en dire ce qu’on dit souvent de la double naissance de l’homme : la naissance simplement biologique et la naissance à la raison. De la même manière que l’enfant renaît d’une naissance véritablement humaine en, accédant à l’âge de la raison, l’homme ne commence à exister vraiment que lorsqu’il accède au souci de la qualité de l’existence qu’il veut mener. Par conséquent, la recherche de la qualité ne serait un luxe que pour un point de vue de sous-homme ou d’animal pour qui la victoire quotidienne sur la mort, la sécurité élémentaire sont les seuls et vrais soucis ».
Ebénézer NJOH MOUELLE, De la médiocrité à l’excellence, clé, 1970, p.80